Plaisir et motivation, des façons d’en prendre soin

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Dans notre monde plein de sollicitations, avez-vous remarqué que certaines choses que nous aimions sont devenues fades ? Dans cet article, je vous propose quelques pistes d’explication et d’amélioration.

note préliminaire : Je vais parler d’un point de vue sur certains fonctionnements biologiques, qui ont une influence sur notre vie psychique. Autant je crois que la poésie sauvera le monde (voir l’article), autant je trouve intéressant d’observer notre biologie pour savoir quand nous allons dans le sens du courant ou que nous tentons de le remonter. L’article donne quelques pistes pour mieux nous orienter dans nos envies et nos émotions, en tenant compte de nos courants biologiques 😊

La dopamine : une monnaie du corps pour avoir envie d’agir

Les pistes d’explication viennent de la neurobiologie, en particulier de la façon dont notre corps utilise la dopamine pour encourager l’action.

La dopamine est un neurotransmetteur chimique produit par le cerveau. Elle joue un rôle important dans de nombreuses fonctions du cerveau, notamment la motivation, le plaisir, la récompense et l’attention. La dopamine est impliquée dans le contrôle des mouvements et de l’humeur, et elle peut être libérée en réponse à des stimuli agréables tels que la nourriture, l’exercice, le sexe et la musique.

Des niveaux anormalement élevés ou faibles de dopamine peuvent entraîner des problèmes de santé mentale et physique. Par exemple, un manque de dopamine est associé à la dépression et à la maladie de Parkinson, tandis qu’un excès de dopamine peut être lié à des troubles tels que la schizophrénie et la dépendance. Des médicaments tels que les antidépresseurs et les antipsychotiques peuvent agir en modifiant les niveaux de dopamine dans le cerveau.

Qu’en est-il pour nous autres, quand nous avons juste à traverser une vie normale ? Il semblerait que l’aventure consiste à alterner entre des hauts et des bas, ni trop haut ni trop bas ☺️ Dans la suite, voyons ce qui risque de nous priver de la sensation de plaisir et comment nous pouvons tenter de nous sentir mieux.

Certains comportement qui épuisent notre aptitude au plaisir

La recherche montre que la sensation de plaisir ou de motivation vient de l’augmentation du niveau de dopamine. Mais il y a des phénomènes qui méritent d’être notés :

  • le trop intense : après un pic important, le corps a épuisé les stocks qu’il avait faits en préparation des grandes joies. Les stocks étaient là pour ça, mais une fois libérés, il faudra attendre qu’ils se reconstituent et, en attendant, il y a de bonnes chances que l’on traverse une période où l’on est plus triste qu’avant ! Donc il est recommandé de ne pas créer trop souvent des occasions de plaisir intense, afin de garder la « force » de se réjouir ultérieurement. Un équilibre à trouver : des joies exceptionnelles de temps en temps, des joies plus modestes plus souvent.
  • pâle en comparaison : la sensation de plaisir étant liée à l‘augmentation, il se peut très bien qu’une satisfaction intense affadisse les expériences qui lui succèdent. Par exemple : un plat qui nous aurait fait grandement plaisir nous fait lâcher un « bof » au mieux quand il suit un plat extraordinaire. Donc attention à ne pas mettre trop de « stars » dans nos journées, sinon le reste pâlit d’autant.
  • l’empilement : la dopamine est une monnaie universelle, ainsi le plaisir de faire de l’exercice, en même temps qu’on écoute de la musique, suite à un bon café, avec des amis… tout ceci s’ajoute ! Donc, sans s’en rendre compte, il se peut que l’on augmente le niveau général de dopamine. Un signal qui peut nous alerter : on trouve fades des choses qui nous plaisaient normalement… C’est normal si notre niveau de dopamine est tellement haut que l’organisme a peine à créer des pics, comme lorsque l’on fait signe de la main pour être remarqué dans une foule… sans succès.

Une tentative d’aller vers une meilleure situation

A la lumière de ce qui est en train d’être découvert en neurosciences, on peut se proposer quelques règles pour se sentir mieux (dont certaines viennent d’un passé lointain !) :

  • remarquer quand on se trouve pris dans une tendance au « toujours plus » : quand notre niveau de dopamine descend, on sent moins de peps et on peut être tenté de chercher des moyens de le faire monter de nouveau : un aliment, une visite sur les réseaux sociaux, de l’exercice physique, etc. De deux choses l’une : soit c’est une façon de continuer de surfer entre le ni trop ni trop peu, auquel cas c’est sain, soit c’est une spirale vers le « toujours plus ». Si on sent qu’on n’est plus satisfait alors qu’on appuie maladivement sur le bouton « je veux du plaisir », il est probable que nous ayons besoin de lever le pied ! Si c’est possible, c’est le moment de laisser passer quelques minutes, quelques heures, quelques jours, où l’on diminue la recherche de dopamine. C’est le temps que ça redescende, que les stocks se refassent et que l’on redevienne capable de faire de petits pics.
  • Diminuer le bruit pour se réjouir de choses moins intenses : quand on surfe sur des niveaux trop élevés de dopamine, il y a des chances que, pour expérimenter du plaisir, on ait besoin d’événements intenses. Et cette intensité incroyable n’amène qu’un plaisir médiocre ; c’est comme si on devait monter le son parce qu’on écoute de la musique au milieu d’un hall de gare très bruyant. Notre voie de salut est simple : diminuer le bruit.
    Si on diminue le bruit, on peut baisser le son et goûter aux subtilités de la musique, aux joies d’un frémissement et pas seulement l’attente d’un grand coup de trompette. Ainsi, on revient à l’étape précédente, mais un peu différemment : peut-on prendre un temps pour laisser sa respiration se poser ? Alors on a un accès plus simple à nos sensations de plaisir quand elles sont là, ou peut-être à la sensation de la diminution de la dopamine mais c’est temporaire et la vague va revenir.

Faire une seule chose à la fois ?

En apprenant des choses sur ce domaine, il m’est revenu un conte qui parlait d’un maître Zen. Quand on lui demandait le secret d’une vie bien vécue, il répondait :

« C’est simple ! Quand je marche, je marche. Quand je bois, je bois. Quand je mange, je mange. Et quand je dors, je dors. ».

Un maître Zen

Plutôt que d’empiler des stimulations en espérant avoir des plaisirs en permanence — et risquer ainsi de ne plus en éprouver aucun car on arrive en butée — et si nous apprenions à prendre plaisir à faire ce que l’on fait, au moment où on le fait ? Pour moi, le plaisir de vous écrire depuis un café (mais je dois confesser que j’ai de la musique dans les oreilles) est fort sympathique. A vous de jouer pour prendre soin de votre propre aisance à prendre plaisir 😊

Pour aller plus loin : Si vous comprenez bien l’anglais, vous aurez sans doute beaucoup de plaisir (!) à écouter/regarder Andrew Huberman, dans la vidéo suivante, nous expliquer l’importance de la dopamine pour notre vie.

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