Comment Feldenkrais prépare à tout (carrément !)

Myriam Pfeffer, la directrice de ma formation de praticien, était petite et vivante malgré ses 80 ans (environ… car elle faisait planer un secret sur son âge). Elle parlait doucement avec un délicieux accent venant de sa jeunesse en Lituanie, dont elle plaisantait en disant « moi j’ai un accent dans toutes les langues ».

Pendant la formation, elle déposait de temps à autre des perles de sagesse, qui faisaient de petites explosions à l’intérieur pour secouer les idées reçues et les certitudes mal fondées. Aujourd’hui, je me souviens d’une phrase qui continue de tourner entre mes oreilles : « Feldenkrais, ça n’est pas tout, mais ça prépare à tout. »

Une bonne expérience d’une méthode cousine

En effet, il y a deux jours, j’ai suivi une présentation en visio d’une méthode corporelle cousine de Feldenkrais, et je prétends que Feldenkrais m’a permis d’en tirer le meilleur. Avec Feldenkrais, ça m’a fait beaucoup de bien. Sans Feldenkrais, je soupçonne que j’en serais probablement sorti — au mieux — avec un « mouais, c’était bizarre et je me demande à quoi ça sert » et — au pire — avec des douleurs.

La visio en question était animée par Eric Franklin, un ancien danseur suisse qui développe depuis des décennies une approche du mouvement, de son amélioration, à l’aide d’allers-retours entre l’anatomie, la sensation, l’imagination, etc. Si vous êtes proche de Paris, il y a un cours donné à Paris dont vous trouverez une description ici (article de Psychologies Magazine).

Comme on le devine dans le dernier paragraphe, la journaliste (la même qui m’avait interviewé, il y a déjà un moment) en sort avec un mélange ambigu, entre frustration et satisfaction. Encore une fois, je pressens qu’elle aurait été très contente si elle avait eu une plus grande expérience en Feldenkrais.

Comment ça m’a fait du bien

En moins d’une heure constellée de propositions de toucher ses épaules, lever un bras, palper le creux des lombaires, je me sentais plus fluide, plus libre, plus léger, et les effets perdurent deux jours après.

Si j’affirme que je dois beaucoup à mon expérience de Feldenkrais, c’est parce que :

  • elle m’a permis de slalomer dans les propositions de mouvement en ajustant l’intensité et la direction, car ces mouvements étaient inhabituels et pouvaient conduire à un « Aïe, je me suis fait mal en tirant trop fort ». Assez régulièrement pendant la séance, je me disais que le guidage de la séance était rapide et un peu risqué si les élèves ne savaient pas prendre soin d’eux… mais je me sentais en sécurité grâce à toutes ces heures de Feldenkrais, y compris des leçons dites « avancées » ;
  • elle m’a donné des points de repères qui me permettaient de confirmer les effets positifs, je sentais clairement des changements, et je me réjouissais de la créativité d’Eric Franklin ;
  • je n’avais pas besoin qu’on me convainque que certaines régions étaient étrangement liées. Le plancher pelvien et les plantes de pied ? Tout à fait ! Les mâchoires et le plancher pelvien ? Evidemment ! Donc j’étais comme un poisson dans l’eau dans ces invitations, avec juste la curiosité pour les découvertes que je n’aurais pas faites grâce à Franklin ;
  • enfin, elle donnait à mon organisme une grande souplesse de réaction ; dès qu’un mouvement faisait changer un endroit, d’autres répondaient avec douceur et amélioraient le fonctionnement général.

Alors j’étais très content de cette séance, je me sentais très bien, plus libre, plus grand, en meilleure santé.
Feldenkrais + Franklin = excellent résultat !

Ce qui s’est passé après

Une fois la visio terminée, j’ai saisi mon sac de piscine et je suis allé nager. J’ai hésité à y aller, allais-je saccager de bonnes sensations ou bien les incarner dans des gestes « utiles » ?

De nouveau, confiant dans mon aptitude à faire juste ce qu’il faut, conscient que j’allais probablement me sentir bizarre dans l’eau, je suis allé nager. Effectivement, pendant 500m environ, tout était bizarre et je nageais plutôt moins bien que d’habitude.

Mais la curiosité et la patience — ainsi que l’expérience maintes et maintes fois répétée que l’organisme allait retrouver ses bons ajustements comme lorsque l’on retrouve comment marcher après avoir quitté de lourdes chaussures de ski — cette curiosité et cette patience ont conduit progressivement à une nage un peu plus douce et un peu plus efficace que d’habitude.

Donc, oui, ça prépare à tout

Pour résumer : si vous avez envie d’essayer la méthode Franklin à Paris, je suis à peu près sûr que vous y prendrez plaisir (c’est à CanalCentral). Evidemment, c’est un peu rhétorique car 99,86% de la population mondiale vit en dehors de la région parisienne, mais vous avez l’idée 😇

Et il en est de même pour des pratiques qui invitent à relier sensations internes et externes : Taïchi Chuan, Chi-qong, Yoga, Technique Alexander, Eutonie… Pour ce qui me concerne, j’ai été mordu de Feldenkrais quand j’ai senti comme la natation devenait délicieuse, puis un peu plus tard comment ça accélérait mes progrès en Aïkido. Et vous ? Je suis curieux de savoir quelles pratiques vous pourriez ajouter en fonction de votre expérience propre.

Chacun et chacune pour les pratiques qui nous intéressent le plus, nous découvrons un monde encore plus chatoyant après un passage par Feldenkrais 😊 Myriam Pfeffer nous l’a dit, Feldenkrais ne se suffit pas à elle-même, mais elle donne une base à beaucoup de nos envies de développement ou de recherche d’améliorations. Jouons avec ! 😊

PS : depuis l’écriture de cet article, j’ai vu passer un compte-rendu de recherche qui va dans le même sens. Une équipe Iranienne (pourquoi ça marche en Iran, j’aimerais le savoir !) a testé une technique thérapeutique pour des douleurs de dos, et a comparé (1) cette technique seule (2) cette technique + Feldenkrais. Ô miracle, les progrès ont été bien meilleurs en ajoutant Feldenkrais. Pour lire l’article, c’est ici.

Photo de Reid Naaykens sur Unsplash

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