Tous les quelques temps, je reviens à la question du bassin car le sujet est… central, tout simplement. Donc ce trimestre, les leçons hebdomadaires seront consacrées à ce thème, pour en révéler encore de nouveaux aspects. Dans cet article, je vous propose un éclairage constellé de questions, pour souligner le potentiel de découverte dont nous pouvons bénéficier.
🧭 Un voyage vers le centre : ce que nous allons explorer ce trimestre
Il y a des régions du corps que l’on croit connaître, simplement parce qu’on les habite depuis toujours. Le bassin en fait partie : il est là, mais qu’en connaît-on ? Euh… malheureusement pas grand-chose en général.
En effet, il est courant que l’on regarde des planches anatomiques d’un air distrait sans faire le lien avec nos propres sensations. Or c’est un carrefour énergétique, postural, respiratoire, un lieu où se joue une part invisible de notre équilibre, par la magie des contractions musculaires qui dialoguent avec les os, les tendons et les ligaments.
Ce trimestre, je vous propose d’explorer cette région autrement. Non comme un objet à observer ou à corriger, mais comme un paysage vivant à habiter, avec le secret espoir que tout le reste s’en trouve embelli.
Un joli duo d’os
Commençons par regarder un peu les os dont nous parlons : le bassin est constitué de ces os qui sont de part et d’autre de la colonne. Sur cette illustration, on voit plusieurs choses :
- le cotyle d’une hanche (le joli bol tapissé d’un doux cartilage quand tout va bien),
- à droite et à gauche, deux moitiés osseuses (nous verrons les détails plus tard),
- enfin, que ces deux moitiés osseuses ne sont pas solidaires ! Devant, l’espace est rempli par un cartilage (donc souple) et derrière, on a des articulations à droite et à gauche du sacrum.

Ainsi, ce n’est pas soudé ! On commence à deviner que le bassin n’est pas un bloc et qu’il change de forme dans ses mouvements. C’est une constatation très importante, qui a une influence majeure sur certains aspects de notre vie : si les accouchements sont évidemment un moment où les ailes du bassin doivent faire autant de place que possible pour le bébé, en fait nous profitons tous les jours de ces mobilités pour nos mouvements. Si le bassin reste rigide, les genoux — pour ne prendre que cet exemple — se retrouvent soumis à des pressions terribles !
Petit bassin et grand bassin

On peut affiner notre regard et distinguer des régions bien différentes dans le bassin.
En effet, si l’on rajoute des enveloppes et des ligaments, comme sur le dessin ci-contre, on devine qu’il se passe beaucoup de choses dans l’espace en bas, qu’on appelle le petit bassin. Le nageur que je suis trouve toujours amusant de parler de petit bassin et grand bassin, mais revenons à nos moutons 😃
Il y a des aspects utilitaires à toutes ces enveloppes, puisqu’il y a des choses importantes qui passent par là, notamment les organes sexuels, de quoi uriner et déféquer.
Mais ça va encore plus loin : sur les illustrations, on ne voit pas les nombreux muscles qui parcourent le petit bassin. Et un muscle, par définition, est là pour s’allonger et se raccourcir en modifiant sa tension.
Pour parler de cet entrelacs de muscles et d’enveloppes qui se trouvent dans la région du petit bassin, on parle de plancher pelvien. Celui-ci est le siège de nombreuses actions, qu’elles soient localisées dans la région ou bien qu’elles dialoguent avec des muscles situés relativement loin.
Par exemple : il faut bien que cette symphonie complexe se mette d’accord quand la respiration pousse l’abdomen, car on aimerait ménager les organes du ventre tout autant que le confort du plancher pelvien. Ce qui est plus inhabituel, c’est de sentir que la qualité de la respiration dépend de ce qui se passe dans le plancher pelvien. Et dans une envolée lyrique, en fait je peux affirmer que de nombreux gestes en dépendent. Quelle ne fut pas ma surprise en constatant que ma marche était plus légère ou plus lourde selon que mon plancher pelvien était plus ou moins raide ! Et si certaines amélioration lointaines passaient par la case « plancher pelvien » ?
🌀 Ce que la méthode Feldenkrais permet ici
Avec notre fidèle méthode Feldenkrais, nous n’allons ni forcer, ni corriger. Nous allons sentir. Comme d’habitude, vous pourrez explorer des gestes simples, guidés par la voix de votre serviteur, pour
- affiner la perception du bassin, dans sa densité comme dans sa légèreté,
- réveiller sa relation au sol, à la respiration, aux appuis invisibles,
- laisser le centre s’organiser avec plus de finesse, et voir ce que cela transforme autour : les épaules se libèrent, les genoux s’ajustent, le souffle se clarifie (rien que ça !).
Dans les jours qui viennent, je ferai une courte vidéo pour voir les repères anatomiques en mouvement. Le voyage ne fait que commencer mais j’espère que vous avez déjà un petit goût de merveilleux 😊
Photo de Hasmik Ghazaryan Olson sur Unsplash