Questions – réponses

Nous ne nous connaissons peut-être pas encore, aussi j’ai écrit quelques lignes pour vous donner quelques repères. J’espère que les réponses aux questions sont claires mais si ce n’est pas le cas, ou si vous avez des questions qui ne sont pas évoquées ici, je vous encourage à m’envoyer un petit message !

Qu'est-ce que la méthode Feldenkrais ?
La méthode Felden-quoi ? La méthode Feldenkrais ! Eh oui, votre première mission est de savoir prononcer le nom… Essayons : « Fell - deunn - kraïsse ». Bravo ! Les alternatives pour rire sont : Fell-dent-craie, Fell-deunne-craïche (celle-ci est très bonne pour nettoyer la gorge et faire peur aux chats), Fell-deunne-craie, et encore une version que vous inventerez si vous en avez envie. Ce mot un peu difficile est tout simplement le nom du créateur de la méthode, Moshé Feldenkrais (1904-1984). Sa motivation initiale était de soigner un genou fortement abîmé, pour lequel la chirurgie ne pouvait pas garantir une amélioration. Alors Moshé s’est mis à chercher lui-même comment aller mieux, il est allé se nourrir à de nombreuses sources et s’est appuyé sur ce qu’il connaissait déjà bien :
  • il était ingénieur en électronique et travaillait avec les meilleurs physiciens français des années 30, notamment les époux Joliot-Curie. Il avait donc appris à faire des hypothèses et les tester en pratique, ce qui donna lieu à une démarche où l’exploration prime sur les conclusions,
  • par ailleurs, c’était un pionnier du Judo en Europe, prêtant main forte au fondateur de la discipline (Jigoro Kano) dans son introduction en France. Le Judo permet de comprendre qu’en s’y prenant bien, on peut réaliser ce qui semblait impossible, comme par exemple de faire basculer quelqu’un de plus fort et plus lourd que soi.
Ainsi, en cherchant des moyens de continuer de marcher sans douleur, il a plongé dans les documents de sa femme, pédiatre, concernant le développement sensoriel et moteur des enfants. Il a alors essayé sur lui-même de refaire les différentes étapes, pour voir si l’adulte qu’il était pouvait améliorer cet édifice construit pendant des années. Chance pour nous, Moshé a eu un coup de génie : non seulement il a revisité ces gestes, mais surtout il les a revisités avec la même attitude que les jeunes enfants : il s’agit de ne pas juger, d’essayer et de sentir sans présupposés, sans s’acharner sur quelqu’objectif que ce soit, sans serrer les dents, en faisant de nombreuses pauses dès que le cerveau réclame un temps pour assimiler. En un mot, il a remis au travail notre faculté d’apprendre dans le plaisir et le jeu. Les embryons de la méthode étaient nés. S’en est suivi une recherche plus large, de nombreux allers-retours entre des lectures, des discussions, et des essais avec son propre corps. Comme il allait mieux, des gens lui ont demandé s’ils pouvaient les aider ; au fil de ses essais avec eux, il a inventé un premier mode de pratique, individuel et basé principalement sur le toucher : les séances appelées « Intégration Fonctionnelle ». Enfin, quand il n’avait plus le temps de répondre à tous ceux qu’il aurait voulu aider, il a inventé une pratique pour guider des groupes plus ou moins grands de personnes dans une recherche semblable à celle qu’il avait faite. En jouant à une sorte de Jacques-a-dit, il a permis à des groupes entiers de découvrir à leur tour ce qui lui avait fait du bien ; la méthode collective appelée « Prise de conscience par le Mouvement » était née à son tour. C’est ce mode pratique que notre site propose : des enregistrements audio permettent de suivre un cheminement d’où votre organisme tirera de nouvelles pistes pour améliorer encore un peu son fonctionnement (qui est déjà génial, quand bien même nous sommes agacé(e)s par certains défauts qui cachent la forêt de qualités). Pour en savoir encore un peu plus sur la méthode, voici une vidéo et des articles de presse en allant sur cette page.
Qui était Moshé Feldenkrais ?
Moshé Feldenkrais est né en 1904 dans l'Ukraine, à l'époque faisant partie de l'empire russe. Des membres de sa famille étaient des personnalités éminentes dans la culture juive de cette région (on parle de hassidisme) et il a donc baigné très tôt dans des questions fondamentales sur les aptitudes propres aux humains et l'éducation. Dans les années 20, il participe aux premières constructions juives en Palestine et fait partie de ceux qui vivront la dégradation des relations entre Juifs et Arabes, qu'il attribue à l'administration Britannique car ces populations avaient vécu ensemble depuis des siècles tout autour de la Méditerranée. Ces frictions le conduisent à apprendre des arts martiaux et à développer une vision très pragmatique de la self-défense. On trouvera une interview très intéressante sur son histoire dans le domaine (en anglais) en allant sur le site suivant (cliquer sur le lien). Il quitte la Palestine pour la France, où il passera les années 1930. Il devient ingénieur en électronique de l'ESTP, puis ingénieur de recherche dans le laboratoire des époux Joliot-Curie, où il construira les instruments et les machines nécessaires à la recherche en physique de ces éminents scientifiques. Dans le même temps, il rencontre Jigoro Kano, le fondateur du Judo, qui lui demande de l'aider à introduire cet art martial en France. Aussi il crée le Jiu-Jutsu Club de France, fait venir Mikinosuke Kawaishi pour être la référence technique et fait germer le Judo sur le sol français. Ils co-signent un livre pédagogique où ils proposent le système des ceintures de couleur, destiné à motiver les pratiquants dans leur progression. Dans les années 1940, il part pour l'Angleterre où il met ses compétences de scientifique au service des recherches sur le sonar. Chance pour nous, il glisse sur le pont glissant d'un sous-marin et abîme un peu plus son genou, ce qui motivera grandement sa recherche sur l'amélioration du fonctionnement corporel. Après la deuxième guerre mondiale, il retourne en Palestine à l'époque de la fondation de l'état d'Israël. On lui confie la direction du département d'électronique de l'armée, mais il décide quelques années plus tard de se consacrer entièrement à développer ce qu'il a trouvé pour que les corps et les cerveaux fonctionnent au mieux, qui deviendra la « méthode Feldenkrais ». Son élève le plus célèbre est le premier chef de d'état d'Israël, David Ben-Gourion, qu'il aide à apprendre à faire le poirier à près de 75 ans. Cet accomplissement fera le tour de la Terre (imaginez un chef d'état de 75 ans faire le poirier sur la plage...) car il a été photographié, mais l'objectif était de redonner du confort à Ben Gourion, qui souffrait de cruelles douleurs au dos. Objectif atteint et spectacle en prime ! Moshé Feldenkrais consacrera les années 60 et 70 à travailler et promouvoir sa méthode, notamment lors de la formation d'une première génération de praticien.ne.s en Israël, puis de formations internationales à Esalen en 1972 (voir nos traductions ici), San Francisco en 1975-76 et Amherst en 1980-81. Il s'éteint en 1984 à l'âge de 80 ans. Un belle biographie de Feldenkrais a été écrite par le journaliste allemand Christian Buckard. Vous trouverez le premier chapitre en français ici, en attendant qu'un éditeur français continue. Sinon vous pouvez le lire en allemand. Une autre biographie  été entamée par feu Mark Reese, beaucoup plus détaillée mais malheureusement Mark Reese nous a quittés avant de terminer son oeuvre. Ses proches ont terminé le travail et le premier tome se trouve ici (en anglais).
Que trouve-t-on sur ce site ?
Sur ce site, vous trouverez de quoi pratiquer Feldenkrais chez vous. Il s’agit de fichiers audio, car les cours collectifs ont été conçus comme une sorte de Jacques-a-dit, où l’enseignant ne montre aucun mouvement afin de vous laisser chercher vous-même en toute indépendance. Vous aurez donc les consignes orales pour vous guider pendant une exploration de vos sensations et de vos possibilités, qui ressemble en fait à ce que nous avons tous fait quand nous étions enfants. Nous proposons deux possibilités :
  • des packs de séances enregistrées, où vous recevrez toutes les séances d’une série d’un seul coup. Ces packs sont plus ou moins gros, de 2h à 32h de pratique ;
  • des abonnements pour recevoir des séances semaine après semaine, afin de suivre un cours comme si vous étiez inscrit(e) à des séances hebdomadaires.
Dans les deux cas, il s’agit de fichiers à télécharger afin de les avoir chez vous rapidement. Toutefois, si vous avez une bonne connexion internet, il faut compter environ 40 secondes de téléchargement par heure de pratique, donc rassurez-vous si ça n’est pas instantané ! Si vous doutez d’avoir une bonne connexion internet, je vous invite à visiter la page suivante pour le vérifier. Si votre connexion est bonne (ce qui est le cas dans toutes les villes et le Cantal, qui a mis en place un plan de connexion à la fibre optique), vous êtes prêt(e) pour suivre le slogan : Pratiquez Feldenkrais où vous voulez, quand vous voulez !
Pourquoi y a-t-il très peu de vidéos ?
Moshé Feldenkrais a pris le parti d’enseigner à l’oral, sans rien montrer. Ceci peut sembler déroutant au début, habitués que nous sommes à ce que l’on nous enseigne « la bonne façon de faire ». Au fil de la pratique, on comprend toutefois quelques avantages de ce choix :
  • puisqu’on le fait soi-même, le geste nous appartient vraiment, ce n’est pas une copie d’un modèle,
  • dans l’interprétation que nous faisons de la consigne, nous avons la liberté de l’amplitude, de l’intensité, de faire des pauses, d’explorer des variations différentes.
En résumé, ce mode d’apprentissage stimule notre faculté naturelle d’explorer et de sentir, sans passer par l’intermédiaire de quelqu’un qui viendrait nous « corriger ». Comme lors d’une baignade, parfois l’eau est un peu froide au début quand on n’est plus habitué à l’autonomie, mais ensuite elle est bonne ! Par conséquent, la quasi-totalité des séances sont téléchargeables en audio. Cerise sur le gâteau, c’est écolo car les fichiers audio sont beaucoup plus légers que la vidéo !
Téléchargement ou CD ?
Le site Feldenkrais Replay distribue essentiellement des téléchargements, que vous pourrez donc sauvegarder sur votre ordinateur ou votre tablette (sur iPad, la manœuvre est plus laborieuse, mais vous avez une idée pour le faire tout de même sur cette page). Toutefois, nous espérons promouvoir la pratique où que vous soyez. Que se passe-t-il si vous vivez dans un endroit reculé où Internet est très maigre ? Pour savoir si votre connexion est suffisante, voici un site internet pour faire le test : http://www.speedtest.net/fr Si votre débit descendant est supérieur à 5 Mbps, c’est suffisant pour faire le téléchargement, avec un peu de patience (10 min environ) car les packs contiennent des heures de pratique, donc des fichiers volumineux. S’il est supérieur à 20 Mbps, ce sera très confortable. Inversement, si votre débit descendant est faible, je vous invite à me le faire savoir au moment de passer votre commande, et je vous enverrai un CD/DVD avec les fichiers sauvegardés dessus. Pour ce faire, il suffira d’ajouter une « note au vendeur » au moment où vous passerez la commande.
Comment pratiquer ?
Que vous ayez déjà pratiqué en groupe ou non, la pratique avec des téléchargements amène quelques nouveautés. Voici quelques suggestions, en espérant vous aider à profiter au mieux de vos séances :
  • chaque pack vient avec une petite page de suggestions quant à l’attitude que nous conseillons. Ces suggestions complètent celle que vous entendrez de temps à autres dans les enregistrements, où nous avons suggéré aux groupes présents lors de l’enregistrement se chercher dans le plaisir plutôt que dans l’effort.
  • Comme les fichiers de pratique sont au format audio (MP3), vous pouvez organiser la lecture comme vous en avez l’habitude :
    • directement à partir d’un ordinateur,
    • à partir d’un lecteur MP3,
    • à partir de votre téléviseur ou chaîne HiFi si on peut lui faire lire du MP3,
    • à partir de votre smartphone,
    • etc.
    Compte tenu des nombreux gadgets qui nous entourent, les possibilités sont nombreuses !
  • Les séances durent souvent de 45 à 60 min, ce qui pose la question suivante : comment aménager une heure de son temps pour pratiquer ? Ceci est évident pour certaines personnes, mais pas pour tout le monde… Voici quelques habitudes des pratiquants :
    • réserver une matinée par semaine pour faire une séance, lire, improviser des mouvements qui nous font du bien,
    • faire la séance en deux fois, par exemple 30 min à chaque fois, un morceau en début de journée et l’autre morceau en fin de journée ou le lendemain,
    • faire venir un(e) ami(e) pour pratiquer ensemble. Ce rendez-vous peut devenir une rencontre hebdomadaire, on se dit bonjour, on pratique et on boit un thé ensuite pour discuter de la séance, mais aussi et surtout de tout le reste,
    • si vous avez beaucoup de séances d’un seul coup, vous pourriez vous faire un programme : une séance par semaine, une séance par jour, un week-end dense ? Si vous faites plusieurs séances par jour, nous recommandons de faire des pauses et de ne pas dépasser 3 ou 4 heures par jour, votre cerveau a besoin de repos et d’un temps d’assimilation ! Selon vos choix, les sensations seront différentes : une densité importante vous donnera des sensations assez inhabituelles, parfois spectaculaires ; inversement si vous pratiquez une séance par jour ou par semaine, vous irez à la recherche d’un changement progressif, plus discret mais qui peut être tout aussi riche. Dans les deux cas, nous vous encourageons à prendre quelques points de repère pour sentir ce qui change, par exemple la légèreté dans la marche ou le plaisir de la respiration, ou encore l’évolution de la palette des émotions que vous vivez au fil des journées (insistons sur le fait que nous cherchons la variété plutôt que de figer sur une seule option).
    • pour faciliter la démarche d’allumer son lecteur MP3 pour lancer une séance, on peut utiliser l’assistance suivante :
        • à la réception de votre pack, recopiez la liste des séances, en laissant un peu de place après chaque titre,
        • à chaque fois que vous faites une séance, cochez le titre pour repérer facilement où vous en êtes, ce qui a deux avantages : vous retrouverez facilement où vous en êtes, et la plupart des gens trouvent assez motivant de voir le chemin déjà parcouru,
        • après chaque séance, vous pourriez écrire quelques mots sur ce que vous avez vécu : des sensations amusantes pendant la séance, après la séance, si ça a amélioré votre humeur, votre sommeil, des douleurs ou des difficultés que vous avez, etc. Vous pouvez aussi mettre une sorte de note, pour repérer les séances que vous n’avez pas du tout aimées (ça arrive, et c’est drôle de chercher pourquoi), ou que vous avez énormément aimées (c’est tout aussi intéressant).
      Si vous utilisez une autre stratégie pour vous faciliter la pratique, nous aurons plaisir à la lire dans votre message.
Où trouver un(e) praticien(ne)
Nous le répétons de temps à autres, l’un des objectifs de ce site est d’aider un plus grand nombre de personnes à bénéficier de la méthode Feldenkrais. Vous trouverez une discussion dans l’article « le rêve derrière le site ». Ainsi, imaginons que les séances collectives vous mettent sur une voie positive et que vous souhaitez en amplifier les bénéfices. Une excellente démarche serait d’aller voir un(e) praticien(ne) pour des séances individuelles ou pour rejoindre ses groupes de pratique. Pour trouver un(e) praticien(ne), voici l’annuaire des praticiens des associations de pays francophones : Si vous avez des suggestions d’ajout, j’aurais plaisir à lire votre message (cliquez ici).
Le rêve derrière le site
Pour que ce site voie le jour et qu'il se développe, il a fallu un rêve pour le soutenir. En deux mots, voilà ce que j'espère :
  • que de nombreuses personnes puissent bénéficier des bienfaits de la méthode Feldenkrais, par mes séances ou par celles de mes collègues. Le site participe à faire connaître, peut-être que vous aurez plaisir à pratiquer et qu'une prochaine conversation avec des amis tournera autour des façons d'enrichir sa vie corporelle ?
  • que les revenus engendrés puissent financer un petit paradis où l'on pourrait faire des « retraites somatiques ». Pour un week-end, une semaine, un mois ou un an, des gens pourraient venir développer la qualité de leur travail ou de leur vie : praticiens et pratiquants de Feldenkrais, d'Aïkido, musiciens, graphistes, écrivains, maraîchers, que sais-je encore ?
J'ai écrit en juin 2015 (déjà !) un article qui trace les grandes lignes de ce rêve (cliquer ici pour le lire), qui n'est pas modeste, affirmons-le ! Mais dans tout rêve, il reste la question s'il sera partagé et je vous la pose avec délicatesse...