Je viens de lire une infolettre dont le contenu m’a semblé extrêmement pertinent pour notre pratique. Il y est question du mensonge et des conséquences à long terme de le laisser pourrir une communauté.
Quel est le rapport avec la pratique de Feldenkrais ? Comme nous passons notre temps à sentir ce qui nous convient, concrètement, par l’expérience, en éloignant ce que d’autres voudraient nous imposer quand ça fonctionne pour eux ou elles, eh bien je crois que nous aimons bien quand des affirmations sont bien fondées. Dans un monde où quelques hurluberlus parlent très fort — ce qui donne l’impression qu’ils sont nombreux — une dose de souple confiance dans ses sensations assainit un peu l’atmosphère.
Le texte original est en anglais, en voici une traduction en français :
« Ils font semblant de nous payer, nous faisons semblant de travailler. »
par le Gapingvoid Culture Design Group
Depuis la création de l’Union soviétique en 1917 jusqu’à sa dissolution en 1991, la Pravda, son plus grand journal, était le porte-parole du parti communiste au pouvoir. Or, en russe, « Pravda » signifie « Vérité ». L’ironie de la situation n’a échappé à personne.
Le prix Nobel russe Alexandre Soljenitsyne l’a bien résumée :
« Nous savons qu’ils mentent, ils savent qu’ils mentent, ils savent même que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent aussi, ils savent bien sûr que nous savons certainement qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent aussi, mais ils continuent de mentir. Dans notre pays, le mensonge est devenu non seulement une catégorie morale, mais l’industrie pilier de ce pays ».
De même, il existe une blague célèbre que les Russes disaient à propos de la culture du travail soviétique dans les années 1970-1980 : « Ils font semblant de nous payer, nous faisons semblant de travailler ».
En d’autres termes, il existait une culture de plus de 200 millions de personnes fondée sur des mensonges, tout le monde prétendant qu’il s’agissait de la vérité. Appelons cela un « cycle de la mort par le mensonge » (CMM) à la Soljenitsyne.
Dans cette situation, qu’est-ce qui risquait d’aller de travers ? Tout, en fin de compte.
Les Soviets peuvent nous sembler très différents de notre monde, on pourrait croire que ces histoires se sont déroulées dans « une galaxie très lointaine ». Sauf que ce n’est pas le cas. Les CMM existent bel et bien chez nous, au présent, mais à une échelle différente :
Les entreprises qui se targuent d’être « responsables », même si tout ce qu’elles font, c’est balayer le bazar sous le tapis du monde en développement. Les initiatives Egalité-Diversité-Inclusion qui ne changent rien, si ce n’est les statistiques des cases à cocher. Des engagements en matière de sécurité de la part d’entreprises dont les politiques vont dans le sens contraire. L’industrie du divertissement qui prêche un jour aux gens normaux les échecs moraux de ces derniers, tout en faisant la fête avec P. Diddy le lendemain (NDT : ce n’est pas passionnant, mais vous pouvez voir ici les grandes lignes de ce scandale qui a éclaté aux Etats-Unis).
Le véritable péché n’est peut-être pas qu’ils mentent, mais que nous les croyons si volontiers. Que nous soyons, nous aussi, complices de la CMM.
Mais lorsque nous lisons des articles sur les grandes figures, la tendance est d’y trouver une histoire différente. Pensez à la réponse transparente de Jacinda Ardern (première ministre néozéalandaise) au COVID-19 ou au changement de culture de Satya Nadella chez Microsoft. Nous le constatons même chez les leaders problématiques et narcissiques, je pense notamment à Steve Jobs et au général George Patton. Malgré leurs différences, ces dirigeants ont tous un trait commun :
Ils avaient une « boussole » – ils savaient où se trouvait le « vrai Nord ». Ils n’ont jamais essayé de prétendre que l’Est était l’Ouest.
La vérité est si précieuse et, malheureusement, si rare. On pourrait dire que l’un des principaux devoirs d’un dirigeant est de décourager le mensonge. Car en fin de compte, la vérité ne fait pas que vous libérer, elle vous fait sortir du lot.
