Depuis quelques mois, j’ai démarré un projet sur lequel je pourrai bientôt lever un coin de voile. Il s’agit d’une collaboration avec une sommité mondiale du Feldenkrais (rien que ça) et j’apprends beaucoup de choses passionnantes dans les discussions que j’ai avec cette personne.
L’une de ces conversations donnera une couleur aux vœux de nouvelle année que je formulerai ici.
Mais j’aimerais commencer par une parenthèse culturelle : au Japon, il y a des fêtes avant le Nouvel An et après le Nouvel An.
- avant le Nouvel An, çà et là au fil du mois de décembre, on fait la fête avec ses collègues et les gens des clubs que l’on fréquente (par exemple l’Aïkido) : on appelle ces fêtes des 忘年会 – bōnenkaï, littéralement des réunions pour oublier l’année ;
- après le Nouvel An, on fait la fête pendant trois jours avec sa famille, お正月ーoshōgatsou, littéralement « le premier mois ».
En Occident, c’est assez semblable, mais je me demande si c’est notre intérêt d’oublier l’année qui se finit, d’ignorer ce qui est dans notre dos et de ne prêter attention qu’à ce qui est devant. Il y a des leçons de Feldenkrais où l’on sent une détente intrigante qui émerge quand on sent à la fois l’avant et l’arrière de soi.
Et si nous prenions le Nouvel An comme le passage d’un pont, d’une île à une autre ? Passer un pont laisse tranquille l’île que l’on quitte, elle est toujours présente. Plus important, elle est nécessaire pour que le pont y prenne appui ! Quid de se tenir sur un pont entre deux années — ou deux jours, ou deux heures — en sentant l’avant et l’arrière, l’un et l’autre participant au voyage ?
Des vœux pour 2025
Aussi je vous envoie des vœux pour que l’année qui vienne s’ouvre à vous avec toute sa richesse, tandis que l’année écoulée sera comme un soutien pour votre dos, l’arrière de votre tête, l’espace entre vos omoplates, l’arrière de votre bassin, de vos jambes et vos talons. Grâce ce soutien de l’arrière, je vous souhaite une rencontre plus libre avec le présent. Grâce à la confiance de ce qui est déjà passé — car on l’a traversé avec succès même en prenant des coups ! — je vous souhaite de très joyeuses découvertes pour le futur.
Préparer le retour des habitudes
Pour conclure, je boucle avec le début de cet article : le mentor que j’évoquais répète souvent qu’après une leçon de Feldenkrais, où l’élève comme le praticien sont ravis des nouvelles sensations qui viennent d’apparaître, on doit toutefois préparer l’élève au retour des anciennes habitudes, car il est certain qu’elles reviendront.
La nouveauté dont les couleurs pâlissent progressivement sera-t-elle perdue à jamais, doit-on s’accrocher pour la préserver de la disparition ? Eh non ! Car même si elle s’éteint, elle va nourrir l’ancien et enrichir notre rencontre avec le présent.
Pour être poète culinaire, le même mentor dit souvent, au sujet d’une série de séances de Feldenkrais, mais ça s’applique à la Vie : ce sont des lasagnes, pas une pizza ! Pour nous, chaque nouvelle année est l’occasion de chercher une juste place entre futur, passé et présent, pour que chaque jour et chaque année compose une vie.
Je vous souhaite une merveilleuse année 2025, avec des ingrédients qui se déposent dans votre plat à lasagnes, variés et colorés, pour que la combinaison finale soit pleine de joie.