Photo Paule Rigaud
« Ils vous mirent ! » ai-je entendu plusieurs fois de la bouche du pilier de ma formation de praticien, Myriam Pfeffer (et je mesure la chance d’avoir côtoyé l’une des pionnières de la méthode).
Elle animait certaines journées et nous dispensait régulièrement des perles de sagesse. Cette phrase revenait régulièrement, pour dire que les praticiens qui animent un cours ont une responsabilité car les élèves d’un cours de Feldenkrais ont des neurones miroir.
Pour utiliser le verbe mirer dans un sens littéraire (voir ce fantastique dictionnaire, Nancéen !), notre cerveau reflète ce qui se passe dans le cerveau de l’Autre. On a le choix d’adopter ou non ces reflets, mais ils sont là et nous aident à nous relier, à vivre un peu ce que vit l’Autre.
Quand un instituteur sue à grosses gouttes anxieuses devant les enfants à qui il donne un cours de mathématiques, les enfants apprennent à être anxieux en faisant des mathématiques. Quand tout le monde fait la tête dans le métro, il est difficile d’avoir le sourire.
Mais quand vous arrivez chez un ami avec le cœur léger, vous l’aidez à respirer librement. Il vous mire.
On peut repérer les choses qui ne vont pas et les horreurs liées au Covid ont creusé le sillon de la peur et du nombrilisme. On peut essayer de redresser la situation et mettre des tapes sur les fesses et les têtes. Tel un Sisyphe grincheux, nous avons du travail pour l’éternité.
Votre serviteur confesse qu’il souffre régulièrement d’aller sur ce terrain, d’espérer changer le cours des choses en pestant contre ce qui ne va pas. Heureusement, la souffrance nous invite à chercher une alternative : on peut se dire qu’en cultivant son jardin et en l’aérant, on joue une note différente et plus belle. Sans qu’ils le sachent, nos congénères se mettront un peu au diapason et le monde sera plus doux. « Sois grande et les autres se redresseront. »
C’est une responsabilité mais, au moins, c’est une tâche que l’on peut embrasser et qui assainit l’atmosphère en nous et autour de nous ☺️