Une année plus organique

Il fut un temps où j’admirais l’élégance et la performance réunies chez Apple.
Un temps où Facebook était un lieu de plaisir, où YouTube était une mine d’apprentissages.
Sur un autre plan, je pouvais apprécier le confort simple d’une voiture bien conçue.

Puis quelque chose a changé.

Peut-être à cause du stress ambiant.
Peut-être parce que l’époque est devenue un brouhaha permanent.
Je sens en tout cas le vent tourner très vite.

Là où je voyais autrefois des outils utiles, je distingue maintenant une sorte d’assemblée de vampires : des systèmes qui s’abreuvent de notre temps et de notre énergie en échange de jolies illusions. Cela me rappelle les récits de ma professeure d’histoire-géo décrivant les premiers colons en terre américaine, troquant des biens essentiels contre des colifichets et des babioles brillantes.

Les vampires sont là !

J’espère ne choquer personne. Et puis, si vous êtes ici, ce n’est sans doute pas par hasard : nous pouvons nous parler franchement.

Comment expliquer que les vendeurs de voitures aient réussi à ponctionner une part toujours croissante de nos revenus ? (Coucou les locations longue durée 😉 !). Comment se fait-il qu’un adolescent trouve aujourd’hui normal qu’on lui offre un MacBook et un iPhone, et hop, 3000 € ? Soit nous sommes collectivement très riches, soit ces systèmes ont appris à se glisser dans nos failles.

À l’université, mes étudiants constatent sans grande surprise qu’ils passent (presque tous !) plus de 35 heures par semaine devant leurs smartphones, et pas pour y étudier. On peut admirer l’efficacité des concepteurs d’Instagram, de TikTok et autres machines à court-circuiter le lien social. Mais sur le terrain, dans mes cours de mathématiques à l’université, j’en vois les dégâts. Il m’arrive — sans exagérer — d’avoir l’impression de m’adresser à des gens dont les capacités d’attention sont profondément altérées. La plupart sont pourtant gentils, volontaires, et font de leur mieux.

Ce que nous voulons

Un collègue a formulé une remarque qui m’a marqué : vu le monde actuel, on ne peut pas vraiment s’étonner qu’ils préfèrent détourner le regard. Nous faisons d’ailleurs la même chose. Nous éteignons la radio, parfois, parce que certains journalistes ne savent plus capter l’attention qu’en criant au scandale permanent.

La bonne nouvelle, dans ce tableau un peu morose, c’est qu’il est facile de désirer autre chose.

Que se passe-t-il si l’on décide d’allouer nos ressources — en temps, en argent, en attention — à ce qui nous nourrit réellement ? À ce qui apporte une sève bienfaisante plutôt qu’une excitation passagère ? C’est moins facile, mais on dit de notre cerveau que le libre-arbitre consiste surtout à ne pas faire.

Pour ma part, je sens un mouvement clair. Les achats matériels me semblent de plus en plus vains. Je remarque quand je gaspille du temps à jouer au Solitaire plutôt que d’ouvrir un bon livre. Et je me reconnais dans la critique de ce que Michel Onfray appelle la société individualiste et hédoniste.

Vers une année organique

Alors je prends un peu d’avance sur les résolutions de 2026.

  1. J’ai résilié mon abonnement YouTube Premium, histoire de rendre le visionnage moins confortable — d’autant que les vidéos suggérées sont souvent calibrées pour m’agacer. Instagram reste en cage, et TikTok n’a jamais circulé chez moi.
  2. J’ai aussi cédé à l’appel du golf. Débutant, je patauge encore dans le mystère de coups parfois très réussis, parfois catastrophiques. Mais le club près de chez moi sait mettre le pied à l’étrier : pour un tarif modeste, me voilà engagé pour six mois. Quitte à investir de l’argent, autant prendre l’air, marcher, et me donner une bonne raison de m’occuper régulièrement de mon pied abîmé.
  3. Je prépare également l’offre de 2026, avec l’envie de plonger davantage dans la pratique partagée et les conversations nourrissantes.
  4. Je compte ouvrir beaucoup plus de créneaux pour des leçons individuelles, qui sont de vrais moments sensoriels et humains.
  5. Et j’en passe 😊

En un mot, 2026 sera pour moi une année plus organique. Une année recentrée sur ce qui est important et profond. Car j’ai le sentiment d’avoir gaspillé beaucoup de temps et d’énergie en écoutant — sans toujours y réfléchir — les appels de petits malins qui me prennent pour une brebis égarée, sans la bienveillance du curé : la tonte, mais pas l’amour 😉

Et vous, quels sont vos vampires ?
Et dans quelle direction aimeriez-vous orienter votre énergie ? 😊

Photo de Sandie Clarke sur Unsplash

Publications similaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.