Pour aider le pauvre Proust, bien maltraité, voici un éloge de la découverte… et de l’empathie !

En ouvrant le livre Peaks and Valleys de Spencer Johson (voir ici pour une version française), le praticien Feldenkrais que je suis s’est enthousiasmé pour une citation de Proust :

Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.

Marcel Proust

Ah, voilà qui apporte de l’eau à mon moulin, puisque notre pratique développe de nouveaux yeux, de nouvelles finesses de nos sens, nous découvrons nos aptitudes naturelles sous un éclairage nouveau ; ce voyage fait que nous avons de nouveaux yeux, et ô miracle, nous voyons de nouveaux paysages.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car cette citation est en fait complètement déformée !

J’ai trouvé cette citation dans de très nombreux sites, qui se spécialisent dans la production en masse de citations ; chacun reprenant les autres, on aboutit à cette version. Or en creusant un peu, j’ai trouvé ce que je crois être la citation originale :

Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit, que chacun d’eux est.

Marcel Proust, in Du côté de chez Swann

D’un paragraphe qui fait l’éloge de l’ouverture à l’Autre, à l’exploration du monde par la multitude des angles et des expériences différentes, certains ont amputé cette pensée pour nous laisser chacun dans notre coin, nos yeux, notre pensée, notre monde. 🤔

Et si nous réclamions d’avoir le temps d’écouter les gens jusqu’à la fin de leurs phrases ? Et si nous faisions de la place pour que la complexité du monde soit moins lourde pour chacun et chacune, car elle est portée par les gens sympathiques que nous côtoyons ? 😊

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