Tous les jours, je reçois une courte infolettre de la part de Seth Godin, un des grands noms du marketing en langue anglaise. Ce matin, j’ai lu son texte du jour, sur la notion de perfection. La version originale est ici et je vous propose la traduction suivante :

La perfection est utile. C’est une mesure absolue, une étoile polaire, une chance d’améliorer notre travail.
Mais c’est aussi la voie royale vers une insatisfaction tenace.
La comparaison avec la perfection est utile lorsque nous créons quelque chose.
Mais il convient également de noter que la perfection est inatteignable. Ce qui est proposé n’est jamais parfait, mais ce qui est proposé peut être exactement ce dont nous avons besoin en ce moment.

Seth Godin, in « Comparé à la perfection »

Distinguer direction et destination

Ce texte m’a propulsé vers tous ces moments en Feldenkrais où l’on rappelle que la direction n’est pas forcément la destination ; quand je prends ma voiture depuis Paris et que je prends la direction de Marseille, il se peut que je m’arrête à Lyon. Ou peut-être que je vais jusqu’à Marseille, puis je prends la direction de Nice.

Dans la même veine, les gens qui naviguent le savent bien : prendre un point de repère à terre (quand c’est possible) et tenir son cap dans cette direction ne signifie pas que l’on va finir sur ce point (en général, c’est une bonne chose !).

Que veut dire parfait ?

En continuant cette gentille méditation, je me souviens aussi d’un article de magazine qui m’a profondément marqué, où l’auteur examinait des cas où la perfection n’était pas là où on la pensait.

Par exemple, pour construire des routes, des ponts ou des bâtiments, les concepteurs sont tentés de créer des structures régulières. L’Antiquité grecque est allée très loin dans l’idée et nous continuons de trouver les espaces réguliers assez satisfaisants.

Mais dans certaines situations, il vaut mieux que ce ne soit pas régulier. Au Japon, il y a eu une époque où les ingénieurs chargés des lignes électriques de Shinkansen (leur train à grand vitesse) se grattaient la tête car les câbles cassaient trop souvent. Ils ont fini par comprendre que le problème venait de la régularité presque parfaite de l’espacement, car les câbles se mettaient à vibrer comme les cordes sur un instrument de musique, ce qui les fatiguait ! Ici, la perfection a consisté à introduire des variations au hasard, un poteau un peu plus loin, un peu plus proche, et le miracle se produisit : les câbles restaient plus tranquilles et duraient plus longtemps.

La perfection de la fonction réclamait d’aller au-delà de cet aimant pour l’esprit amoureux de régularité, qui n’était en fait qu’une forme de paresse se plaignant de la fatigante complexité.

Pour notre fonctionnement

Pour notre prochaine leçon de Feldenkrais, je vous propose deux questions :

  • Quand on invite à approcher le menton et le genou, par exemple, mais qu’on sent bien qu’on ne touchera pas, comment peut-on bénéficier le mieux possible d’avoir un cap clair, sans chercher à atteindre l’extrémité ?
  • Comment fait-on pour faire confiance à son organisme pour cheminer vers ce genre de perfection que l’intellect a du mal à appréhender ?

Car, pour reprendre Seth Godin, ce que l’on trouvera aujourd’hui n’est peut-être pas parfait, mais c’est peut-être exactement ce dont nous avions besoin.


Photo de Francesca Noemi Marconi sur Unsplash

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